Vieux report du festival de musique "Rock en Seine" d'août 2016 retrouvé dans mes archives personnelles... no comment (et bonne lecture)
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Grâce à mes "accreds" obtenues "à la bien" par RTL et Radio Libertaire, j'ai pu pépèrement me faire les 3 jours de #RES2016 (comme on dit dans notre milieu) à la fraîche dans le VIP room avec brumisateur, clim, masseuses et petits fours. Mais comme la musique est un art qui n'attend pas, je suis allé direct au charbon. Lets fuking rocknrool !!!!
Mes coups de coeur/gueule de ces trois jours de "fest" (comme on dit dans le milieu de la musique quand on en fait partie)
- GIUSEPPE MONREALT : pape du "folk drone" et de la scène "electro troglodyte" avec son autre groupe "Kalvins Eats Uterus", "Papy Giuseppe" (31 ans en octobre...) nous a gratifié de ce qu'il savait faire de mieux. Jouant avec les nuances, les soubresauts du public, ses propres contraintes physiques, ses lassitudes émotionnelles, jamais un accord de La mineur 7ème joué en boucle, sans micro, sans autre musicien, et sans filet pendant presque 2h20 n'aura autant pénétré cerveau de festivalier.
- PUNDIT & THE GLIARS : un set alléchant aux rythmiques biomorphes à mi-chemin entre cold wave des late 70's et...
techno de Chicago : James Chance & The Contortions n'était jamais très loin. 35 minutes d'une musique apaisée et ionosphérique qui a eu la fâcheuse bonne idée de "passer crème". Quoi de mieux pour commencer les hostilités ?
- ESTIENNE LONELY/NESS : ce qui frappe avec le beau et fringant britannique, c'est sa capacité à se mettre en danger. Lorsqu'on le voit (qu'on l'admire ?), on pense invariablement à Patti Smith (même si ce n'est pas une fille), Parliament (même s'il fait plutôt de la folk), Nick Cave (même s'il a une voix très aiguë). Chaque couplet est une réponse à ses démons, chaque refrain est une question à ses couplets : "D'où vient-on ? Qui est-on ? Y a-t-il quelque chose de plus grand que nous ?". Autant d'interrogations auxquelles Estienne ne répond pas, se contentant de balades simples et épurées, où quelques mots suffisent amplement. On se rappellera longtemps de ses tubes séminaux "Love is a Pure Feeling" et "Driving in my car", 4 accords, 2 minutes 30 à l'épaulé-jetée de pure harmonie extatique. Ce que la scène dublinoise nous aura donné de meilleur depuis Thin Lizzy et Westlife.
- ARANEAS THE SUPACOLLIDER : attention, vent de fraîcheur et de panique sur Saint Cloud ! (l'endroit où se déroule le festival). Le groupe considéré comme la "réponse américaine à Forever Pavot" revient avec son deuxième album à un concept plus charnel, mais semblait naviguer en eaux troubles dans le premier tiers du set entre downbeat et afrotrap carnavalesque. Les trois derniers quarts du concert mettront nonobstant tout le public d'accord entre émulsions jazzy et pornographie sonore pour "Windowshopper" récalcitrant. Autant de frictions sexuelles pour nos oreilles ourdies de ce son venimeux et entêtant.
- EDITORS : le groupe le plus novateur de ces 40 dernières années. Point barre.
- SREIL SCRRAATUDELIKA : la GROSSE CLAQUE du festival. Le groupe qu'aurait pu donner une fusion de Blink 182 et Machinehead si ces derniers avaient eu les couilles d'abandonner l'underground pour se "frotter" à des sonorités plus traditionnelles. Généreux, fédérateur et dansant, le combo affuble ses beats meurtriers de mélodie "miel" sur une production "velour" et des arrangements "douceur". Lénifiant. Légère critique néanmoins, on regrettera l'emploi systématique de la pédale de chorus Boss CE-5, là où les sémillants modèles CE-3 voire CH-1 eurent très bien pu faire l'affaire selon moi-même ainsi que la plupart des spécialistes présents sur zone.
- ADRIEN SOLEIMAN : dans la chronologie musicale, il y a eu Bach, puis Mozart, Miles Davis, The Beatles, Aphex Twin et Jamie XX. Il faudra désormais compter sur Adrien Soleiman, véritable point de rupture entre la musique "d'avant" et la musique "d'après". Mélodies nihilistes d'inspiration vaudou et asiatique, son lo-fi, textes socio-progressistes et baroques. Qu'on se le dise, ce type est un génie, et il ne laisse que des miettes à ce qu'il reste du XXIème siècle. D'où une question provocatrice mais de rigueur : est-il allé trop loin ?
- VIOL BURKINI : enfin débarrassé de sa vilaine polémique triste et stérile (soutien du groupe à la candidature de Hervé Morin pour la région Normandie), le power sextet amené par son incandescent leader Christian Sodomie nous prend direct à la gorge avec son fameux : "alors les pédés, on boit des bières ?". S'ensuivent 25 minutes de délire senghorien où sueur, palpitations cardiaques et crises mystiques seront au rendez-vous, et tous les tubes frénétiquement passés à la moulinette : "Islam Holocaust", "Fourth Reich Paradise", "Gay untermensch", "Ideal Vichy", "SS Isrheil", "Femme soumise et heureuse", et une inédite "Le Grand Remplacement, c'est maintenant". Et si Viol Burkini valait mieux que l'avalanche de commentaires consensuels à son égard ? Et si la joyeuse bande n'avait pas un réel message à faire passer et profitait d'un futur album pour s'ouvrir à nous ?
- POULAIN BLANC : rien de mieux que la crème de la crème de la scène francophone (marre de ces groupes qui chantent en anglais dans la langue de Shakespeare) pour finir la deuxième journée. Un summum de créativité alliant petites cocottes de guitare, rythmes dancefloor et petite voix chuchotée lascive et hypersexuelle. Une musique qu'on désespérait d'entendre depuis plusieurs décennies : l'alliance du rock et de la dance. Côté textes, quoi de plus intrigant et jouissif qu'une bande de zikos de 29 ans comme porte-voix de la jeunesse : génération perdue sur les rives de l'intrigue amoureuse et de l'obsolescence programmée ? Un confrère (sûrement jaloux) aura cette remarque incompréhensible : "Ouais, enfin... encore un groupe de reprise de Foals qui croit avoir inventé le fil à couper l'eau chaude...". Qui ça ?
- SIGUR ROS : Pas vu. On m'a dit que c'était pas terrible. Aucun intérêt.
- EPONIMES : débarqués un peu par hasard en remplacement au pied levé de Schrrrihouze (qui a splitté la veille, les membres n'ayant su se mettre d'accord sur l'utilisation ou non de pédales de distortion, et le fait de chanter en français ou en anglais), ces poseurs d'Eponimes étaient en charge d'ouvrir la 3ème journée sur la petite scène locale à 13h30. Set ridicule d'à peine 30 minutes montre en main, son risible et pas professionnel pour un sou, larsens à répétition, certains instruments parfois inaudibles, aucune scénographie, aucun light, effet pyrotechnique ou autres, aucune volonté de partager avec les 15 personnes installés au fond du chapiteau en train de finir leur repas. Une sensation glauque de porno amateur mal filmé où ça lime frénétiquement et sans émotion. Il est fort regrettable pour un jeune groupe soit disant aussi prometteur d'être dans l'incapacité de faire la différence au bout de 6 mois de scène... Navrant.
- IGGY POP : Un set fantastique en tête d'affiche sur la scène principale qui a bien mis leur claque à ses connards prétentieux d'Eponimes, le vrai boss, c'est lui !! Une maîtrise totale de son sujet, de très bons musiciens un son monstrueux et professionnel, un show de folie, des effets scéniques somptueux, c'est bien simple, on a l'impression qu'il a fait ça toute sa vie !
En conclusion, une édition jouissive où les programmateurs furent au rendez-vous, et la drogue en backstage toujours de très bonne qualité.
Mon top 3 :
1) DELIRES LASCIF
2) FLIXXX TRIXXX (magique, une énorme claque dont je ne me réveille toujours pars)
3) le Pokestop sur le stand "Veganista"
Mon "flop" 3 :
1) ces connards d'EPONIMES
2) SREIL SCRRAATUDELIKA
3) LOU SAN VUITTON
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